L' inconnue...PV Emeric & Serena ^^

Véritable amante de la forêt, Serena affectionnait particulièrement le royaume des Elfes pour la quantité phénoménale d'arbres qui le recouvraient. De plus, elle aimait beaucoup le calme paisible et l'harmonie qui régnaient en ces lieux. Jamais elle n'était dérangée, jamais elle ne faisait de rencontres là-bas. Son besoin de solitude était donc comblé. Voilà pourquoi elle arpentait les routes de ce royaume aujourd'hui avec son meilleur ami, son fidèle Maan.

L'étalon noir avançait paresseusement, laissant à sa cavalière tout le loisir d'observer le paysage. Serena rêvassait, le regard perdu dans le bleu du ciel et le vert des feuilles. Une soudaine envie s'empara d'elle. Il y avait tant d'arbres, il était difficile de ne pas résister à la tentatin de grimper dans l'un d'eux! Elle arrêta son destrier et s'approcha de l'arbre le plus près d'elle. Il était gros. Non, énorme! Il montait si haut qu'on aurait dit que sa cime touchait les nuages. Serena sourit. Elle avait la folle intention de se hisser jusqu'au sommet.

Grimpant, sautillant, se hissant parfois entre deux branches à la seule force de ses poignets, Serena donnait l'impression de danser dans l'arbre. Au bout de plusieurs minutes, elle atteint son but: le sommet. La vopyageuse ferma les yeux. Elle respira un bon coup et laissa le vent jouer dans ses cheveux. La jeune femme leva la têt vers le ciel. Plus rien ne pourrait l'empêcher de toucher les nuages. Non, plus rien.

C'est alors qu'elle baissait la tête qu'elle remarqua une minuscule silhouette. Un homme? Un animal? Impossible de le déterminer à cette altitude et c'était assez loin. Piquée par la curiosité, Serena désescalada le gigantesque arbre et remonta en selle. Elle lança Maan au galop.

Arrivée à plusieurs mètres aproximativement de l'endroit où Serena avait apperçu quelque chose, elle arrêta sa monture. Peu importe ce que c'était, pas la peine de l'effrayer. De sa démarche silencieuse, Serena s'aprocha. C'était un homme. Assis sur une grosse pierre, il semblait perdue dans ses pensées. Trop heureuse de rencontrer quelqu'un dans cette immense forêt, la jeune femme s'exclama:

- Bonjour!

L'homme sursauta. Serena s'empressa de s'excuser.

- Je ne voulais pas te faire peur, pardon. C'est juste que... Ça fait longtemps que je n'ai vu personne dans le coin alors...!

Serena se sentait mal à l'aise maintenant. Elle avait bien envie de partir, mais il serait impoli de laisser l'inconnu comme ça, sans explication. Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux roux.

- Je suis désolée. Je vais te laisser tranquille. Je crois que je vais partir...

Serena sourit. Le dénommé Emeric lui plaisait bien. Elle lui trouvait un côté charmant et sympathique, surtout parce qu'il tentait de poser pleins de questions en même temps et que ses pensées se bousculaient. La jeune femme remarquait donc une certaine curiosité chez lui et un esprit vif. Deux qualités qu'estimait beaucoup la voyageuse. De plus, il dégageait une certaine innocence dissimulée derrière son assurance qui plaisait beaucoup à Serena. Selon elle, l'innocence est à l'origine de l'émerveillement et l'émerveillement ammène la curiosité, ce qui permet de ne jamais s'ennuyer et de toujours apprendre tout en ayant un esprit grand ouvert, près à enlacer le monde. L'ouverture d'esprit. Une caractéristique essentielle qui est bien trop souvent ignorée, surtout en période de guerre. Avec l'ouverture d'esprit, on en vient à la compréhension. Sion comprend quelque chose, il est plus facile de l'atteindre.

Le monde devrait appartenir aux enfants, pensa Serena. Leur innocence est une fleur fragile que le monde adulte piétine sans pitié. Malgré tout, certains la conservent précieusement. C'est le cas de ce Emeric.

Maan eut un mouvement de recul lorsque l'homme s'approcha de lui, mais Serena le retint. Elle regarda son cheval dans les yeux et sembla lui dire qu'il n'avait rien à craidre, qu'Emeric n'était pas un ennemi. Maan se calma aussitôt. Il approcha même sa tête de la main tendue d'Emeric, l'invitant ainsi à le caresser. Serena affichait toujours son sourire rafraîchissant.

- Puisque ma présence ne te dérange pas, je resterai! déclara-t-elle avec son habituel entrain.

Elle regarda Emeric, cherchant à mieux le connaitre. Elle voulait croiser son regard pour avoir accès à son âme. Il était si facile de connaitre quelqu'un, quand on savait décripter le regard de cette personne! Ne dit-on pas d'ailleurs que le regard est une porte ouverte sur l'âme?

- Ça en fait, des questions! répondit enfin Serena. Alors, mon nom est Serena et je viens d'ici.

Sa réponse sembla prendre Emeric au dépourvu. Serena éclata de rire.

- Je suis née à Turquoise, si c'est ça que tu voulais savoir, précisa-t-elle avec un sourire complice. Mais cela fait longtemps que je n'y suis pas retournée. Je devrais y retourner, un jour. Un jour...

Ces deux derniers mots, elle les prononça en regardant le ciel. Elle les disait pour son père. Serena ferma les yeux. Le vent vint danser dans ses cheveux roux. Elle sourit et se retourna vers son interlocuteur.

- Je promets de satisfaire ta curiosité si tu réponds à ma question. Qui es-tu?

Emeric était satisfait de la réponse de cette charmante demoiselle. Elle ne venait pas d'un pays étranger et il n'y avait, aucune guerre à venir. Enfin jusqu'à maintenant. Il se dépècha alors pour lui répondre à son tour.

-Je me nomme Emeric Elansar, prince héritier du royaume des elfes. Je n'ai peut-être pas l'air d'un prince, accoutré de la sorte. Cependant j'en suis bel et bien un! N'avez vous jamais entendu parlé de la famille Elansar? Je dois avouer que les elfes ne sont pas très connu auprès des humains haha!

Emeric, était réellement content de connaître une nouvelle personne. Par contre, il ne voulait surtout pas qu'elle change sa manière d'être avec lui. Puisqu'il était prince, la plupart des gens qu'il côtoyait, le vouvoyait toujours excepté son frère et Thaiyla, la princesse des fées. Il est bien vrai, que Emeric lui même, vouvoyait toujours les autres personnes avec qui il discutait. Après tout, il était un prince et il était bien normal d'être respectueux avec quiconque!

-Je suis désolé de vous vovoyer autant. Je suis tout de même un prince et ce ne serait pas très courtois de ma part, de vous tutoyer. Seulement avec votre accord, je tâcherai de faire un effort pour ne pas vous faire sentir trop âgé haha!

Emeric se trouvait bien drôle! Le sourire aux lèvres, il observait la réaction de la charmante Serena qui était face à lui. Elle ne semblait pas très grande. Serena, arrivait sans doute à ses épaules. L'étalon lui, restait bien silencieux. Il semblait être une excellente bête de compagnie. Où pouvait-on trouver cet animal? Quoi que ce n'est pas avec un étalon, que Emeric se sentirait moins seul. Seulement une femme, pourrait mettre fin à cette solitude. Quand allait-elle arriver? Légèrement pensif et observateur, Eme attendait la réaction de la jeune femme. Allait-elle rire ou, allait-elle le trouver idiot?


PS: Désolé du laps de temps !!!

Serena rit de bon coeur. Décidément, ce Emeric lui plaisait de plus en plus! Il était le prince le plus amusant qu'il lui avait été donné de rencontrer. Il était vrai qu'elle n'en avait vu que trois dans sa vie: Emeric des Elfes, Lassa de Zénor et David de Rubis. David... Il lui manquait tellement... La jeune femme secoua sa tête. Inutile de s'encombrer le coeur de sentiments négatifs en une journée où le soleil innondait Enkidiev de sa lumière. De surcroît, elle venait de faire une merveilleuse connaissance! Il serait dommage de gaspille ce précieux moment en futiles larmes.

- Un prince... murmura Serena. C'est un prince...

Elle réprima une moue de dégoût. Jusqu'alors, les personnages princiers ne l'avaient guère impressionner de par leurs actes et leur attitude. Un seul avait échappé à la règle, malheureusement. Toutefois, Serena se disait que celui qu'elle avait sous les yeux était différent des autres. Plus gentil, plus ouvert d'esprit, plus noble. Un vrai prince.

La voyageuse sourit. Ce n'était pas un titre qui allait foutre en l'air une belle complicité! La jeune femme fit un pas vers Emeric.

- Alors, tu es un prince, dit-elle avec assurance. Eh bien, Emeric le Prince, tu n'as pas répondu à ma question: Qui es-tu? Qui es-tu vraiment?

Elle le regardait avec ce sourire plein de sous-entendus. Serena adorait les questions vagues, parfois philosophiques, où on pouvait s'adonner à des réponses qui n'en finissaient plus. Toutefois, la jeune femme n'insista pas en voyant le regard un peu perdu de l'Elfe. Elle passa devant lui et s'assit au sol. D'un geste, elle invita son nouvel ami à la rejoindre.

Des pas se firent entendre dans leur dos et Maan, l'étalon noir, les rejoignirent. Il frotta ses naseaux contre la joue de Serena, comme il en avait l'habitude. La rouquine s'esclaffa et repoussa le cheval d'une main.

- Plus tard, Maan, répondit-elle à l'étalon en riant. Je jouerai avec toi plus tard. Au fait Emeric, rajouta-t-elle en se tournant vers l'Elfe, tutoie-moi, s'il te plait. Ce n'est pas de la politesse, c'est un véritable fossé empêchant la floraison de l'amitié. Et oublie ma question. Je ne voudrais pas t'effrayer avec mes interrogations philosophiques.

Elle ponctua sa phrase d'un clin d'oeil complice et leva la tête vers le ciel. Une brise fraîche caressa son visage, jouant avec ses cheveux. La voyageuse se sentait bien. Merveilleusement bien. Une grande sérénité s'était emparé d'elle. Puis, elle tourna la tête vers l'Elfe.

- Tu sais, Emeric, je n'ai jamais rencontré d'Elfes auparavant. Donc non, je ne connais pas la famille d'Elansar. Je ne connais pas la plupart des familles royales, et je ne cherche pas à les connaitre vraiment parce que... Eh bien, parce que c'est leur faute si Enkidiev est de nouveau en guerre! Il faut bien croire que la paix des Chevaliers d'Émeraude est disparue avec eux!

Serena secoua sa tête. Il lui était dur de parler de tout ça, car c'était à cause de cette maudite guerre que tant de gens souffraient et surtout, qu'elle avait perdu son père. Jamais elle ne pardonnerait aux Jadois de le lui avoir enlevé alors qu'elle n'avait que treize années.

Le vent souffla un peu plus fort, tel un appel à la liberté. N'était-ce pas les dernières paroles que son père avait pronnocées? « Sois libre » ?

- Je suis libre, murmura Serena. Pour toujours.

Que pouvait bien faire Serena sinon rire devant ces tentatives peu fructueuses de tutoiement? Et puis, la bonne humeur d'Emeric était contagieuse. Le soleil étincellait dans le ciel, la voûte céleste était d'un bleu profond, il faisait chaud mais pas trop, grâce à une brise fraîche qui venait équilibrer la température. Bref, c'était une journée idéale et le beau temps influençait aussi l'humeur de la voyageuse. Non, elle ne se laisserait pas abattre par des idées noires. Elle avait tout le temps devant elle pour ça. Il était inutile de gaspiller une si belle journée, surtout en charmante compagnie! Il était temps d'enfermer les sombres pensées dans un coin de son esprit et de s'ouvrir aux joies d'une nouvelle rencontre.

- Un jour, tu y arriveras! dit-elle avec entrain. Ça vient avec l'habitude. Ou les principes!

Un clin d'oeil moquer accompagna ces derniers mots. Toutefois, elle redevint sérieuse. Une ombre planait au-dessus d'eux. L'ombre d'un passé peu chaleureux. Le deuil. Serena se devait de dire la vérité à son ami, elle ne pouvait lui mentir. Jamais elle n'avait croisé regard plus sincère et honnête. Il n'était pas question de lui mentir.

- Pardonne-moi si je te semble un peu... morose parfois, commença-t-elle. C'est que... je pense à mon père. Il est mort. Tué par des Jadois il y a de cela bientôt dix ans.

Dix ans... Dix ans que Tristan de Turquoise, Tristan le Brave, le Preux était mort. Dix longues années. C'était beaucoup et bien peu. La plaie était toujours aussi vive dans le coeur de Serena. La pauvre jeune femme avait eu bien du mal à accepter la mort de son père. Comment accepter un fait que l'on ne comprend pas? Pourquoi? Pourquoi était-il mort? Pourquoi l'avait-on lâchement tué? À cause de cette guerre? Les Jadois tuaient-ils tous ceux qui partaient de Rubis? Ou savaient-ils que Tristan faisait parti d'un groupe de marchands rebelles appuyant les Indépendants?
Serena avant tant de questions et si peu de réponses. Et elle savait qu'elle ne les aurait probablement jamais, ces réponses.

- Dix longues années où je vais et je vis en solitaire. Je sais, j’ai eu le temps de me remettre. Mais… Pour moi, c’est comme si c’était hier… C’est encore dur à accepter. Mais bon, c’est triste tout ça! La journée est trop belle pour la gaspiller en souvenirs funèbres!

Elle leva un regard déterminé vers Emeric. Une passion brûlante flambait dans son regard. Un large sourire étira ses lèvres et elle poursuivit.

- Pardon aussi pour t’avoir dérangé dans ton moment de tranquillité. Je veux te partager une confidence, moi aussi. Tu dis que ce lieu est ton endroit préféré. Je vais te montrer le mien. Il n’est pas bien loin! Aller, suis-moi!

Elle tourna les talons et se mit à marcher dans la forêt d’un bon pas. Maan trottait joyeusement à sa droite alors qu’Emeric la rejoignait de l’autre côté. Serena se remit à parler.

- Tu sais, tu me plais bien! Tu es sympathique et honnête comme dix. Ta droiture et ton ouverture d’esprit sont des qualités chez toi que j’estime beaucoup et je suppose que tu en as encore plusieurs autres. Ah, tiens! Nous sommes arrivés.

Serena s’était rendue au pied du gigantesque arbre d’où elle avait aperçu Emeric, un peu plus tôt. Elle commença à grimper. Puis, prenant conscience que l’Elfe ne la suivait pas, elle se tourna vers lui et lança :

- Alors, tu viens?

Rendus à une bonne hauteur, ils se calèrent entre deux branches. D’où ils étaient, ils pouvaient voir une grande partie de la forêt elfique et, très loin, le commencement des plaines de Diamant. Tournant son regard vers l’horizon, Serena annonça solennellement :

- Voilà mon endroit préféré. C’est autant ici que là-bas. Mon lieu de prédilection, c’est Enkidiev au grand complet. Tu veux que je te dise?

Elle tourna un regard brillant vers son nouvel ami.

- Je parcours ce continent depuis que j’ai treize ans. J’ai vu le désert, j’ai vu la neige, j’ai vu les montagnes, les volcans et l’océan. J’ai vu des plaines et des forêts, des vallons et des monts. Et pourtant, je n’ai rien vu encore. Voyager me fait découvrir des gens, des cultures différentes. Je ne reproche pas aux Jadois d’avoir tué mon père. Je ne comprends toujours pas pourquoi, mais ils avaient sans doute une excuse. Je comprends ce qui les motive à s’allier à Émeraude. Je comprends ce qui pousse les Indépendants à agir comme ils le font. Alors, je suis un élément neutre. Et mon plus grand rêve serait qu’Enkidiev le soit tout autant. Un élément neutre. Que cette guerre ne soit qu’on désaccord politique et n’empêche pas les gens de voyager. D’aller où bon leur semble. De s’entraider même. Mais c’est impossible. Ça serait trop beau pour être vrai, n’est-ce pas?

Serena soupira. Un autre rêve trop beau pour être vrai serait celui qu’elle et le Prince de Rubis puisse vivre leur amour pleinement, sans avoir à se cacher parce que c’est interdit par une loi ou un protocole quelconque. Quelle injustice.

Penser à David rappela à la rouquine sa promesse de revenir pour le jour du marché. Serena fit le calcul mentalement. Il lui restait une semaine avant ce jour! Elle aurait tout juste le temps de traverser Diamant! Si elle se faisait attaquer ou intercepter par des soldats, elle perdrait du temps. Même chose si elle offrait ses services à une caravane marchande. Elle n’arriverait jamais à temps. Et toute seule, les risques d’attaques étaient grands. Une idée vin alors à son esprit. Si Emeric l’accompagnait?

- Emeric… je sais qu’on vient à peine de se rencontrer, mais… Je me demandais si… eh bien, si tu voudrais m’accompagner pour un voyage à Rubis. Ça pourrait être une mission diplomatique pour toi, tout en découvrant de nouvelles façons de faire et de vivre sur Enkidiev. Si je te propose ça, c’est parce que je dois être à Rubis dans une semaine jour pour jour et que voyager seule risque de me faire perdre un temps précieux dans des combats et des arrêts imposés qui me ralentiraient. Si tu vois ce que je veux dire…

Elle soupira. La jeune femme était presque convaincue que son ami déclinerait son offre. Presque.

- S’il te plait!

-Oh, tu n’as pas à t’en vouloir s’il m’arrivait quelque chose! J’ai l’habitude, dit-elle avec un clin d’œil.

Serena était ravie. Elle avait envie de faire ce voyage avec son nouvel ami. Elle ne voulait pas être seule. Malgré qu’elle ne fût pas très sociable, la jeune femme aimait parfois un peu de compagnie. Chaque fois que son isolement devenait un peu trop lourd, elle se plaignait à Maan. Celui-ci se mettait à faire des pitreries ou se montrait vexé de ne pas être considéré comme quelqu’un. Le brave étalon faisait n’importe quoi pour faire rire sa cavalière, et ça marchait. Au fil du temps, un lien complexe et très étroit s’était formé entre la voyageuse et sa monture. Pour elle, Maan représentait l’ami et le confident qu’elle n’avait jamais eu. C’était lui qui l’avait consolée lorsqu’elle traversait encore son deuil. Enfin, il l’avait réconfortée aussi bien qu’un cheval pouvait le faire. Avec le temps, il avait appris à déchiffrer les envies les plus secrètes de Serena, c’est pourquoi il piaffa d’impatience. Serena sourit. Elle savait que son cheval avait deviné qu’elle mourrait d’envie de retrouver son prince charmant. Une pensée lui vint à l’esprit : Maan avait-il hâte au retour à Rubis seulement pour lui faire plaisir ou parce que lui aussi s’ennuyait d’une belle jument?

- Car moi-même, si ma famille ne serait pas présente, je serais toujours ailleurs à rencontrer de nouveaux gens. Tel que vous Serena..."vous"...

Serena sourit de nouveau. C’était un sourire pur et sincère qui venait du cœur. Elle admirait beaucoup Emeric pour sa compassion et l’ouverture d’esprit dont il faisait preuve. Il serait certes un compagnon très apprécié durant les voyages. Même s’il s’obstinait à la vouvoyer, la rouquine sentait une certaine égalité entre eux.

-Encore désolé...tu sais, tu m'apportes beaucoup de joie en ce moment. Je ne sais pas si tu sais ce que c'est d'être enfermé très longtemps dans un endroit.

Il la tutoyait! Ce fut la première chose que Serena remarqua. Puis, elle écouta avec attention la confidence d’Emeric. Lui aussi était amoureux! Sa description des symptômes physiques de l’amour, les papillons dans l’estomac, la gorge sèche, tout ça, elle connaissait. Et c’était pour ravoir ces émotions qu’elle voulait à tout prix regagner Rubis.

Par contre, Serena fronça les sourcils en entendant parler de lumière irréelle. Bien qu’elle savait que la magie existait, elle n’y avait jamais réellement cru. Pour la voyageuse, ce n’était qu’un concept vague qui n’était là que pour vous compliquer la vie avec des choses inutiles. Et puis, ça empêchait d’apprécier à leur juste valeur les vraies choses de la vie.

- Alors quand voulez vous partir? Ce soir? Si votre réponse est oui, je dois aller voir mon père immédiatement pour lui en informer. Alors quand voulez vous partir? Ce soir? Si votre réponse est oui, je dois aller voir mon père immédiatement pour lui en informer.

Enfin, retour au concret! Serena retrouva son aplomb.

- Oui, nous partirons ce soir, pour profiter des derniers moments de clarté. La route est longue et le temps presse. En ce qui concerne la sécurité, tu diras à ton père que j’ai assuré la sécurité de plusieurs caravanes déjà. Rien ne me résiste.

Sa dernière phrase, elle l’avait dit en tapotant le manche du poignard qu’elle gardait à sa ceinture. Puis, avec un clin d’œil complice, elle ajouta :

- Va, va prévenir les tiens de ton départ. Rejoins-moi ici avec un cheval et quelques provisions. Je t’attends avec Maan.

L’Elfe pivota et disparut dans la forêt. Serena leva les yeux au ciel. Une brise fraîche vint caresser sa joue et jouer dans ses cheveux. Elle regarda la Lune qui brillait de plus en plus, là-haut, de son trône obscure. Une promesse monta à ses lèvres. Sa voix se mêla au murmure du vent.

- J’arrive Dada.

Emeric partît alors de ce pas vers son royaume. Son père allait-il lui permettre, cette excursion si spontanée? Nul ne le savait. Le seul moyen de le savoir, était d'aller lui faire la demande immédiatement. C'est ce que l'elfe allait faire. En marchant, il s'imaginait lui et Serena marchant dans les bois. Libre comme l'air...libre...ce mot n'était pas très naturel pour Eme. Il ne pouvait pas aller ou bon lui semble. Son rôle, était d'apprendre tout ce qu'un futur roi devait savoir. La lune brillait tant dans le ciel. Le ciel était dégagé et le vent soufflait tout doucement, pour balayer les cheveux du jeune prince. Tant de souvenirs lui revenait en tête. Son enfance en ce lieux et les moments dures qu'il a dû traverser. Il cessa ces tourments en repensant à Serena. Elle semblait si heureuse...elle le fesait rêver. Bien sûre, il n'avait pas oublié la demoiselle blonde mais Serena avait quelque chose, dont il n'avait jamais encore vû dès ce jour. Que quelques pas à faire et il allait enfin arriver. Son coeur battait la chamade et le désir de partir était encore plus fort, plus il se rapprochait de chez lui.

Suite au royaume des Elfes!...

De retour dans la forêt...

Le prince pouvait voir de loin Serena qui était assise sur une pierre. Celle sur laquelle lui-même s'assoyait toujours dessus. Elle se retourna alors et lui fît un signe de main. Eme lui fît la même chose et fît galoper son cheval encore plus rapidement. Il avait si hâte de lui annoncer la nouvelle. De toute manière, elle devait sans doute s'en douter avec le sourire qu'il avait au visage.

-SERENA!!! S'écria-t-il...

Elle se leva alors vers-lui le sourire aux lèvres. Maan semblait énervé lui aussi en voyant l'autre étalon qui s'approchait de lui. Enfin quelqu'un qui allait sans doute le comprendre encore mieux.
Emeric ne prît pas la peine d'être rendu complètement et débarqua de l'étalon encore au galop. Il courût alors vers la demoiselle en s'écriant:

-Je peux vous accompagnez! Je n'arrive pas à le croire, jamais je n'aurais crû que mon paternel m'aurait laissez y aller. Je ne lui ai pas dit tout les détails mais tout de même, je peux vous accompagnez! Mettons-nous en route le plus tôt possible, je vous en conjure. Je suis si énervé de pouvoir partir d'ici quelques jours! Je vous remercie grandement d'avoir croisé mon chemin!
Emeric riait intérieurement...il semblait si stupide durant ces quelques secondes haha!

Après le départ d'Emeric, Serena s'était retrouvée seule avec Maan. Celui-ci, voyant que sa maîtresse était perdue dans ses pensées, le visage tourné vers la Lune, lui donna un petit coup dans le dos avec sa tête. Elle sursauta et se retourna. Le regard de la jeune femme rencontra celui, grand et brillant, de son cheval. Un sourire étira ses lèvres.

- Oh Maan! Que ferais-je sans toi?

Elle se retourna, laissant le vent caresser ses joues, goûtant la tranquilité de la solitude. Puis, elle revint vers son cheval avec son air déterminé.

- On va repartir! On va revoir Rubis, le prince et sa belle jument, pas vrai? s'exclama-t-elle. Je sais que tu brûles d'envie de la revoir. Oh, arrête! Je te connais, Maan! ajouta-t-elle en riant.

Puis, elle redevint sérieuse et observa son meilleur ami. Il lui avait coûté une fortune, il était tout ce qu'elle avait, mais pour rien au monde, elle n'aurait voulu l'échanger. Pour rien au monde, elle n'aurait voulu changer sa vie. Elle était heureuse comme ça et, surtout, elle réalisait le dernier souhait de son père. Sa dernière volonté.
« Sois libre! » lui avait-il crié. Eh bien voilà, elle était libre. Libre d'aller où elle voulait, de vivre comme elle voulait, de penser ce qu'elle voulait. Elle était libre de choisir. Libre de vivre.
Libre...
Jusqu'où était-elle libre, réellement?

Serena secoua sa tête. Elle devait penser aux préparatifs de départ. Y avait-il assez de provisions? Quelle route allait-elle choisir? Que ferait-elle si Emeric l'accompagnait? Et si il ne l'accompagnait pas?

- Maan, je crois qu'on va devoir acheter de quoi à manger en route, mon vieux. On n'a presque plus rien! Oh, toi tu es correct, mais moi, je ne peux pas manger de l'herbe! Ah, ne me regarde pas avec cet air-là! Je ne mangerai pas de racines comme l'autre fois, j'ai dit plus jamais!

- SERENA!!!

La jeune femme sursauta. Emeric était de retour! Lorsqu'elle le vit descendre alors que sa monture courait encore, Serena ne put s'empêcher de crier:

- Fais attention!!!!
-Je peux vous accompagnez! Je n'arrive pas à le croire, jamais je n'aurais crû que mon paternel m'aurait laissez y aller. Je ne lui ai pas dit tout les détails mais tout de même, je peux vous accompagnez! Mettons-nous en route le plus tôt possible, je vous en conjure. Je suis si énervé de pouvoir partir d'ici quelques jours! Je vous remercie grandement d'avoir croisé mon chemin!
- Quelques jours? fit-elle avec un sourire énigmatique. J'aurais plutôt dit quelques semaines, mais c'est toi qui voies! Et ne me remercie pas trop vite, tu verras, après quelques heures de chevauchée, tu me détesteras! rit-elle. Aller, en route!!

Serena grimpa sur Maan qui, tout joyeux de repartir, trottina jusqu'à Emeric et son cheval. La rouquine demanda à son nouvel ami de chevaucher à côté d'elle pour qu'ils ne se perdent pas de vue.

- La conversation sera plus facile, aussi.

Puis, elle lança Maan au trot. Voyant qu'Emeric la rattrapait, elle partit au galop en riant aux éclats. La route s'annonçait agréable!

Plusieurs heures de voyage plus tard, alors que la nuit tirait à sa fin, ils s'arrêtèrent. Voyageurs et montures étaient exténués, n'ayant pas dormi de la nuit. C'est alors que Serena grimpa dans un arbre en expliquant à l'Elfe, avec sa bonne humeur habituelle, qu'elle dormait ainsi, sur une branche. Emeric était si surpris que Serena ne put s'empêcher de rire.

Ils se réveillèrent dans la matinée, prirent un repas tiré des provisions de Serena, chevauchèrent encore, s'arrêtèrent pour faire boire leurs montures, chevauchèrent, s'arrêtèrent prendre un autre repas, continuèrent leur périple, s'arrêtèrent lorsque la noirceur s'installa, et repartirent au même rythme au matin. Parfois, ils rencontrèrent des villages. Pendant que Serena allait voler quelques objets pour les échanger contre de l'argent au prochain village, ou acheter des provisions, Emeric visitait.

Un jour, alors que le soleil était à son zénith, Serena arrêta brusquement Maan. Devant eux trônait un grand palais. Les yeux perdus dans le vague, Serena murmura:

- Nous y voilà... Rubis. EME! Regarde, c'est le château de Rubis!! Nous sommes arrivés!