je crains plus la nuit, j'ai trouvé ma bonne étoile. / amay

JE CRAINS PLUS LA NUIT, J'AI TROUVÉ MA BONNE ÉTOILE feat amay

EN TROIS TEMPS. Évidemment, c'est comme pour toute histoire de cœur: il y aurait un million de moyens de commencer ce récit. Mais bon, restons classiques et allons-y avec un joli il était une fois. Il était une fois une fête organisée pour le prince héritier du royaume d'Emeraude, où le champagne coulait à flot. Il était une fois un prince, frère de l'héritier, trop jaloux, qui dansa avec une cavalière qui n'était nulle autre que la future reine d'Emeraude. Il était une nuit qu'ils passèrent ensemble, une nuit de courant d'airs, une nuit d'abord près d'une rivière puis dans une chambre, une chambre de pierre avec un lit sobre, même pour un prince, un lit petit pour deux, et dans les souvenirs flous du prince Xaviel, les vêtements volent sur le sol, gentiment, et c'est la première fois qu'il est gêné alors qu'il s'apprête à faire ce genre de chose et il est floué par son corps à elle, par ses cheveux, par son odeur, par ses yeux qui cherchent sans arrêt une vérité. Il ne veut pas lui faire mal, il veut seulement aller jusqu'au bout de ce qu'il ressent. D'habitude ça l'aide à oublier. Il n'a jamais besoin d'aller plus loin que des jeux dans un lit avec une fille. L'amour pour lui, c'est synonyme de prison. Et il s'en fout. Il a juste vingt ans.

UN MOIS PLUS TARD. Les choses vont pas toujours comme on voudrait qu'elles aillent, pas vrai? Au lieu du ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants qui s'impose, ou du il l'oublia, comme toutes les autres avant et après elle, Xaviel ne réussit jamais à l'oublier. Elle hantait son esprit comme une peur, une peur confortable qui s'installait peu à peu en lui. La voir partout était devenu une habitude. Pourquoi était-ce si important pour lui, l’image de cette fille dont il avait à peine retenu le nom? Bien sur, le côté du chantage qu’il pourrait faire à son frère était intéressant, mais assez pour le faire tomber amoureux? Amoureux. Il détestait ce mot.

Il s’embarqua pour Argent. Il ne voulait pas que les gens le voient, il ne voulait même pas qu’on sache qu’ils se connaissaient. Pendant trois jours et trois nuits, il resta dans la forêt, avec une vue directe sur sa fenêtre. Sans bouger, même dans le froid, même dans la pluie, même lorsque les bêtes des bois et les farfadets l’approchaient curieusement, sans même cligner des yeux, il observa. Les allées et venues des gens qui l’entouraient. Ce qu’elle portait. Les regards qu’elle jetait à son miroir. Il observa ses moindres désespoirs, ses éclats de rire, les moindres expressions de dégoût que parfois prenaient son visage. Il ne la trouva pas belle. Non. Sa mère, ou bien alors une autre reine, aurait été belle, pleine de beauté fausse, laide sous une couche de maquillage épais. La petite princesse d’Argent était le plus jolie que peut l’être un humain. Elle était naturelle, d’une beauté incomparable. Elle était un cours d’eau qui se réveillait au printemps pour dégeler la glace qui régnait au fond de Xaviel. Elle était sa bonne étoile. Il écouta aussi les sons qu’il arriva à percevoir, sentit les vagues odeurs de parfums. Il apprit à la connaître. Il avait même, par moment, l’impression de voir autour d’elle un aura qui la rendait toujours plus jolie, il sentait leurs cœurs battre à l’unisson comme un rythme rassurant, qui calmait les frissons qui lui secouaient l’échine et retenaient ses éternuements autour de sa gorge.

AUBE DU QUATRIÈME JOUR. Il décida qu’il avait assez attendu. Lorsqu’elle se réveilla, peu après le soleil, il lui laissa le temps de se vêtir, puis, pendant qu’elle peignait ses fins cheveux noirs, il entreprit d’escalader la façade du château de pierre. Un peu comme une scène du balcon sans balcon. Il s’accouda à sa fenêtre, silencieux, discret, la regarda avant qu’elle ne l’aperçoive. Et si, pour elle, cette nuit à Emeraude n’avait rien voulu dire? Que savait-il vraiment? Il eut peur. Pour la première fois de sa vie, il eut peur de la perdre avant même de l’avoir eue. Il s’éclaircit la gorge.

XAVIEL - « S’il y avait une porte, c’est le moment où je cognerais? »

Définitivement, Amay ne savait pas ce qui lui avait pris 1 mois plus tôt. Était-ce le champagne dont elle avait (vraiment) abusé ? Ou l’avait-elle fait par choix, de son plein gré, même si elle devrait un jour en subir les conséquences ? 1 mois plus tard, elle se posait encore la question. Après tout, il était si charmant. Sa grande silhouette l’avait tout de suite séduite, Tout comme ses yeux pétillants, son sourire enjôleur, ses cheveux en bataille, ses grandes mains. Bref, elle était complètement head over heels envers Xaviel d’Émeraude. Du moins, c’est ce qu’elle croyait. Amay ne se souvenait pas vraiment de cette nuit là. Par contre, elle ne pourrait jamais oublier leur premier baiser sur les berges de la rivière, leur retour vers le palais alors qu’il la portait sur son dos, leurs rires faisant écho dans la nuit. Lorsqu’ils commencèrent à se déshabiller mutuellement, leurs regards se disant un oui silencieux. Le regard de l’un rempli de désir et de fougue et l’autre empreint de crainte devant l’inconnu, mais aussi de désir. Au matin, réveillée par son instinct Amay paniqua et s’empressa de se rhabiller et quitta prestement la chambre du Prince sans jeter un regard derrière. La famille royale d’Argent quitta quelques heures plus tard, et elle ne revit pas Xaviel par la suite.

Pendant un mois, Amay eut de la difficulté à trouver le sommeil, son esprit hanté par les souvenirs qu’elle avait de Xaviel. Elle le voyait partout : en tournant le coin d’un couloir, dans les foules, lors des nombreux banquets. Seulement elle savait que ce n’était que le fruit de son imagination. Amay aurait voulu lui dire ce qu’elle ressentait, qu’elle était désolée de l’avoir quitté sans rien dire le matin. Mais à chaque fois que la jeune princesse pensait à ceci, une petite voix dans sa tête lui rappelait sans cesse «Et si pour lui cette nuit avait été suffisante? Et si cela n’avait rien voulu dire pour lui? » Mais l’autre petite voix (oui ça fait beaucoup de petites voix, mais Amay a une grande conscience pleine de petites voix. so.) lui disait tout le contraire. Sa petite voix l’avait persuadée que Xaviel tenait à elle. Parfois lorsque la vie à la cour se faisait trop insupportable, elle pensait à lui et à toutes les blagues qu’il lui raconterait pour lui remonter le moral. Même si elle ne le connaissait pas beaucoup, elle savait qu’il le ferait. Après une seule soirée, elle avait déjà le sentiment de le connaître. Dans sa naïveté de jeune romantique, elle lui avait demandé entre deux baisers :

«Est-ce que tu crois aux âmes sœurs?» et il avait répondu « Non, mais tu me donnes envie d’y croire ». Amay était persuadée que Xaviel d’Émeraude était son âme sœur.

Quelques jours plus tôt, à la nuit tombée, une présence se fit sentir autour des appartements de la Princesse. Elle eut beau fouiller et regarder partout, il n’y avait qu’elle seule. Haussant les épaules, elle retourna se coucher et sombra aisément dans le sommeil, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Cette présence l’observait, mais n’était pas menaçante, elle le sentait. Elle veillait plutôt sur elle, la rassurant à la tombée du jour. Il lui arrivait parfois de regarder à l’extérieur de la grande fenêtre de sa chambre, espérant voir qui s’y cachait, sans jamais voir voir personne. Au matin du quatrième jour, elle se leva et enfila une robe de chambre, se préparant à prendre un bain. Amay passa devant son miroir et s’y attarda un peu en fronçant les sourcils. Elle décida qu’elle ne se laverait pas les cheveux ce matin et se mit à les brosser avant de les attacher en un simple chignon afin de ne pas les mouiller inutilement.

XAVIEL - « S’il y avait une porte, c’est le moment où je cognerais? »

Elle poussa un cri de surprise et se retourna vers la source de la voix. À sa grande surprise, elle vit Xaviel, souriant, accoudé à sa fenêtre. Amay se dirigea vers lui alors qu’il passait à travers la fenêtre ouverte, toute souriant elle aussi. Une fois entré, Amay l’accueillit en glissant ses doigts entre les siens

AMAY - « Mais qu’est-ce que tu fais ici?! N'importe qui peut rentrer ici sans avertissement ! »

Le contact de leurs doigts entrelacés était électrisant. Les battements de son cœur s’accélérèrent alors qu’il plongeait son regard dans le sien. Amay devait rêver. Xaviel ne pouvait être présent, c’était impossible, parce qu’il était à Émeraude et qu’il l’avait oublié, comme toutes les autres qui avaient partagées sont lit. Mais elle dut se faire à l’idée : Il était bel et bien présent et rien ne la remplit plus de joie que de voir son sourire étincellent.

Amay n’avait jamais cru à l’amour. Lorsqu’elle était jeune, on lui avait raconté qu’un jour, lorsqu’elle serait grande, un prince charmant viendrait l’enlever de son château pour lui faire visiter le monde entier et l’aimer pour la vie au complet, lui faire des bébés et régner sur un royaume prospère . C’était ça, sa conception de l’amour : attendre après un homme qu’elle ne connaissait pas, mais qui lui avait promis les plus belles choses du monde. Des années plus tard, elle découvrit la version 16 ans et + de son conte de fée. Ça ressemblait plutôt à « tu es promise au prince Yann d’Émeraude, tu l’as rencontré une seule fois, mais bon, si ça peut sauver l’Alliance et l’honneur de ton papa, ben pourquoi pas. Ton lot de consolation, c’est que vous ferez des bébés quand même ». Depuis ce jour, elle n’avait plus rien espéré des hommes, essayant de se faire à l’idée à propos de son mariage.

XAVIEL - « Tu crois vraiment que je reculerais devant ça pour te voir ? Ahah, tu me fais bien rire jeune demoiselle ! »
Elle fut incroyablement touchée par ses paroles. Il risquait beaucoup pour la voir. Elle et personne d’autre.

AMAY - « Je sais bien que tu fais toujours à ta tête, mais n’empêche que si on se fait prendre … »
Répondit-elle en baissant lentement les yeux vers le sol. Elle n’aimait mieux pas penser à ce qui pourrait se passer. Xaviel était là, avec elle, et il fallait qu’elle pense toujours au pire.

XAVIEL - « À ce que je vois tu ne m’as pas oublié. J’ai eu peur un instant que tu ne te souviennes plus de moi! Quant à moi, je n’aurais jamais pu oublier votre joli visage et votre douce voix, princesse. »
Ses jambes manquèrent de flancher lorsque Xaviel posa un baiser sur sa petite main. Jamais quelqu’un auparavant ne lui avait provoqué autant de sensations.

AMAY - « Comment pourrais-je t’oublier après la nuit que nous avons passé? Nous n’avons passé que quelques instants ensemble, et j’ai déjà l’impression de te connaître depuis toujours.»
Répondit-elle dans un murmure à peine audible.

Le visage de Xaviel s’approcha doucement du sien, tandis que sa main se glissait tranquillement dans ses longs cheveux bruns bouclés. Elle ferma les yeux, sa respiration à peine audible et saccadée. Jamais quelqu’un ne l’avait touchée de cette façon et ça lui provoquait tout plein de sensations inconnues. Les jambes molles, l’estomac à l’envers. Elle dû se rendre à l’évidence, elle était amoureuse de Xaviel. Ça sonnait bien dans sa tête, Amay aime Xaviel. Comme une musique douce à ses oreilles.

XAVIEL - « Depuis toujours? Je dirais depuis l’éternité. J’ai attendu; et attendu encore pendant un mois, mais je n’y tenais. J’avais besoin de te revoir. »

Et c’était la même chose de son côté. Chaque jour depuis leur rencontre, Amay avait espéré une lettre ou même un quelqu’un qui aurait dit à quelqu’un qui aurait entendu dire par quelqu’un qu’il pensait à elle et qu’il mourrait d’envie de la revoir. Mais elle était restée sans nouvelles. Jusqu’à ce matin, alors qu’il apparut de nulle part par la fenêtre de sa chambre.

Elle glissa à son tour ses doigts dans les cheveux de son amant, son autre main caressant son visage.
AMAY - « J’espérais tellement que tu reviennes. Ma vie n’est plus pareille en ton absence. »

Amay ne s’était jamais aussi bien sentie, comme si tous ses problèmes s’étaient envolés. C’était comme à leur première rencontre. Il n’avait pas besoin de mots pour la rassurer, un regard, un geste suffisait. La présence de Xaviel était envoûtante. Elle aurait aimé que ce moment ne se termine jamais.

Le monde entier s’arrêta de tourner lorsque Xaviel déposa un baiser passionné sur les lèvres d’Amay. Si elle avait douté sur ses sentiments envers Xaviel, plus jamais elle n’oserait le faire. La jeune femme se serra contre lui tout en répondant ardemment à son baiser. C’était mal, elle le savait et c’est ça qui rendait les choses bien plus excitantes. Lorsque le prince mit fin à ce moment magique, Amay ouvrit lentement les yeux, comme si elle redoutait que tout ça n’ait été qu’une illusion.

Son cœur se serra lorsqu’elle entendit les bruits de pas. Évidemment, ses servantes s’attendaient à ce qu’elle soit levée et lavée, prête à commencer sa journée. Xaviel avait entendu lui aussi, car il s’était caché sous son lit. La situation semblait absurde, mais au moins elle éviterait un scandale.

XAVIEL – « Maintenant fait comme si de rien n’était » Finit-il par dire alors que la porte s’ouvrait laissant entrer quelques personnes.

À l’instant, quelques servantes étonnées de la voir encore en chemise de nuit pénétrèrent dans ses appartements. Blême d’anxiété, elle leur annonça qu’elle prenait congé pour la journée parce qu’elle ne se sentait pas bien et qu’elle préférait rester au lit et que l’un des conseillers de son père s’occuperait de ses dossiers de la journée. Elle leur spécifia également qu’elle ne voulait être dérangée sous aucun prétexte. Les servantes acquiescèrent, la trouvant très pâle de leur avis et lui souhaitèrent un bon repos.

Soulagée et étonnée par la crédibilité de son mensonge, elle se retourna vers son lit en détachant ses cheveux qu’elle préférait libres de toute façon.
AMAY - « C’est bon, elles sont parties. »

Ils avaient maintenant toute la journée devant eux et ça, c’était génial.